
Pénurie de composants partie 1 : pourquoi vivons nous cette disette
C’est la faute de TSMC qui ne suit plus et des transports trop dispendieux!
Image à la une : iStock/bfk92
Si la crise de la Covid a d’abord bénéficié aux jeux vidéo, la pénurie de composants qui en découle partiellement affecte tous les joueurs. Difficile de mettre la main sur une PS5 ou une Xbox Series. Quant aux cartes graphiques, mieux vaut s’adjoindre les services de bots pour les repérer rapidement, et encore, la plupart se vendent en quelques secondes quand ce ne sont pas les scalpers qui mettent immédiatement la main dessus.
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Au-delà de la hausse du bitcoin et de la forte demande sur les cartes graphiques que nous allons avoir en deuxième partie, la pénurie actuelle et d’abord due à trois raisons qui se percutent de plein fouet avec cette crise pour l’accentuer.
TSMC ne sait pas dire non
En proposant des processus de gravure en 7nm et maintenant 5nm en avance sur ses concurrents (excepté Samsung) TSMC détient désormais 70% du marché des semiconducteurs. Tout le monde veut graver chez TSMC, et TSMC dit oui à tout le monde. Le géant produit donc les APU des PlayStation et Xbox, les processeurs AMD, les GPU des cartes graphiques AMD, les cœurs de tous les produits Apple, ainsi que de la plupart des téléphones qui ne sont pas Samsung. Si vous prenez l’avion après la pandémie, il y a de fortes chances que tous les semiconducteurs viennent de chez TSMC également. Bref, on le retrouve partout.
Sauf que le fondeur taiwanais n’a pas du tout suivi cette explosion de la demande. Il a certes déjà commandé 13 machines à UV au néerlandais ASML fin 2020, mais il faut compter au moins une vingtaine de semaines pour en fabriquer une seule et chaque unité coute 200 millions de dollars. Si chaque machine peut produire 100 000 wafers par mois, dans la réalité, ce n’est pas encore assez pour soutenir la demande pour 2021.
Avec le 5nm et le 3nm en approche, TSMC envisage d’autres usines, il se retrouve donc avec le problème comptable de nombreuses entreprises. Augmenter la capacité de production demande d’investir dans des machines, mais aussi de les rentabiliser et de faire de l’argent. Si avec 13 machines TSMC estime qu’il y aura des pénuries, mais que cela se résorbera en fin d’année ou l’an prochain et qu’il restera gagnant, alors il n’en commandera pas plus.
Cependant, l’arrivée de ces machines pour le milieu de l’année chez TSMC devrait déjà aider, même si ce c’est l’industrie de l’aviation et de l’automobile qui devraient en bénéficier. Face aux usines automobiles mises à l’arrêt un peu partout dans le monde et compte détenu de la demande exercée sur le gouvernement taiwanais par les Américains, celui- ci a expressément demandé à TSMC de produire des composants pour le secteur automobile alors que la marge est seulement de 3% pour TSMC.
Il n’y a plus beaucoup de conteneurs
Dès le début de la crise de la covid, la fermeture de nombreux ports a entrainé l’immobilisation des cargos et de leurs conteneurs. Cela pèse évidemment sur la quantité disponible qui est plutôt réduite vous vous en doutez.
En ayant délocalisé une bonne partie de la production en Chine, de nombreux pays se retrouvent démunis et se rendent compte à quel point ils sont devenus dépendants de l’Asie, d’où les annonces de relocalisation. La Chine a donc réalisé qu’il lui était impératif de faire repartir les échanges internationaux et rapatrie actuellement sa flotte de conteneurs vides. Cependant, c’est un voyage qui peut prendre jusqu’à trois mois. Entre le te4mps où ces cargos vont retourner en Chine, et le temps qu’ils mettront à revenir en Amérique du Nord, on sera alors en juin-juillet, le moment sur lequel tablent de nombreux constructeurs pour un retour à de meilleures conditions.
Le prix des conteneurs démultiplié
Vous vous souvenez tous des magasins pris d’assaut et de certains rayons complètement vides lors du début de la pandémie? Dites-vous que la grande distribution ne veut pas revivre cet épisode. Les géants de la distribution qui pèsent un poids considérable dans ce milieu ont donc réservé la plupart des conteneurs disponibles. À cela s’ajoute l’aviation de fret qui a fortement chuté, tandis que la pénurie de conteneurs a contribué à faire grimper en flèche le prix des transports. De 2000 US$, les conteneurs sont passés à plus de 11 000$.
Dans ces conditions, les consoles arrivent encore, mais il en coute 5 US$ de plus pour chaque PS5 à Sony qui se voit contraint d’absorber le coût, tout comme Microsoft avec ses Xbox Series. Dans l’informatique, on ne se pose pas ce genre d’état d’âme, cette augmentation est reportée sur les clients, d’où une augmentation du prix des composants informatiques actuellement.